Scénario du Messie: Episode 5
Qui est cette figure ancestrale vécut au carrefour de l’Histoire? Est-il un grand pédagogue? Un révolutionnaire? Un prophète? Ou est-il vraiment le Fils divin d’un divin Père, le Sauveur de ce monde, au sens propre? En essayant tant bien que mal de répondre à cette question, de nombreux chercheurs écartent le divin et séparent le Jésus historique, l’homme mortel, du Jésus de la foi, le Fils de Dieu. Aujourd’hui, des experts de l’Église SDJ tentent de rapprocher Histoire et Foi, érudition et révélation moderne, pour parvenir à une compréhension plus profonde de qui était, de qui est Jésus.
Tout au long de la vie d’homme de Jésus de Nazareth, chaque pas et chaque parole mène à l’Expiation. La résurrection de Lazare met en mouvement les derniers jours du ministère terrestre du Christ. Pour les chrétiens, les lieux et les décors où Jésus a fait ses derniers pas vers le sacrifice expiatoire sont désormais sanctifiés. Le Cénacle, le jardin de Gethsémani, le Calvaire, le Tombeau vide.
KENT BROWN: Quand Lazare émerge de son tombeau, Jésus fait un pas de plus vers le Sien en présence de ses amis et de ses ennemis. La résurrection de Lazare devient un signe indéniable du fait que cet homme a tout pouvoir sur la mort et la vie. Pour Ses amis, c’est un miracle heureux, et la foule chante plus tard : « Béni soit le roi qui vient au nom du Seigneur. » Mais pour Ses ennemis, ces événements, qui sont suivis par une seconde purification du Temple, font tout basculer. « Dès ce jour, ils résolurent de le faire mourir. » (Jean 11:53).
KERRY MUHLESTEIN: Il s’est passé une chose intéressante au cours de l’histoire. Certains groupes ont cherché à rendre d’autres coupables de la crucifixion du Sauveur, et d’autres ont veillé à ce que leur propre groupe ne soit pas accusé de cela. Quand on étudie la question, on voit que la populace a joué un rôle indéniable. Il y a aussi le Sanhédrin, le gouvernement des Juifs. Et puis ce sont les Romains qui L’exécutent. On peut presque dire que tellement de gens ont joué un rôle qu’on ne peut pas rejeter la faute sur un groupe ou un autre. Et l’on ne devrait pas chercher de coupable.
RICHARD HOLZAPFEL: Dans le chapitre 15 de la première Épître aux Corinthiens, qui est certainement l’un des plus anciens récits du calvaire et de la mort de Jésus, antérieur aux Évangiles et antérieur à Matthieu, Marc, Luc et Jean, Paul écrit ceci : « Je vous ai enseigné avant tout, comme je l’avais aussi reçu. » Autrement dit, je ne vous dis rien de nouveau. Vous savez déjà tout cela. Je vous raconte une histoire dont j’ai eu connaissance. Je répète donc une histoire bien connue, où le Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures, a été enseveli et est ressuscité le troisième jour, toujours selon les Écritures.
Si l’on ne prête pas attention, on peut manquer la nuance que Paul essaie d’exprimer. Il nous donne une information historique : Il est mort, on L’a enterré et Il est ressuscité. Mais le plus important, c’est que cela s’est passé selon les Écritures. Cela avait été préordonné. C’était connu des prophètes, des sages et des saints hommes et femmes, qui vivaient à l’époque de l’Ancien Testament. Ils savaient que le Messie, le Seigneur Dieu d’Israël, allait venir accomplir cela.
Il y a une autre nuance, plus subtile, et certainement la plus importante pour Paul. Notez qu’il ne s’agit pas de trouver le coupable. Il ne s’agit même pas de savoir précisément où et quand cela est arrivé. Le lieu et la date sont importants pour le récit des Évangiles, mais l’important pour Paul, c’est que Jésus est mort selon les Écritures, pour nos péchés. C’est là la question essentielle. Pourquoi le Messie est-il mort?
Quand nous pensons à Gethsémani, nous pensons qu’Il a pris sur Lui le poids des péchés du monde. Sa souffrance a commencé là et a culminé sur la croix. Quand je pense à l’idée de culpabilité, je pense à moi-même. C’est la souffrance pour les péchés humains, mes péchés, mes transgressions. En conséquence, le Nouveau Testament aborde la question de la raison pour laquelle Jésus devait mourir, mais pas vraiment de qui était responsable.
JOHN S. TANNER: Prenons quelques instants pour nous orienter. La première chose que je remarque quand je regarde la vue, c’est qu’il y a beaucoup de collines. On en voit certaines, parmi les plus importantes, par ici. Commençons par le Mont des Oliviers.
KENT BROWN: C’est la colline qui domine. Sur le versant Est, on passe par un col. Il y a une montée. On peut imaginer Jésus commençant son ascension au niveau du minaret, un peu plus bas.
JOHN S. TANNER: C’est le village de Béthanie ?
GAYE STRATHEARN: Béthanie est l’endroit où vivaient Marie, Marthe et Lazare. C’est là que Jésus passa la dernière semaine de Sa vie. Il devait donc parcourir tous les jours ce chemin de Béthanie à Jérusalem, mais il revient a Bethany, probablement parce que Jean nous dit qu’Il aimait Marie, Marthe et Lazare.
JOHN S. TANNER: Un peu plus bas se trouve l’église de Toutes-les-Nations, presque tout en bas, au pied du Mont des Oliviers. C’est là que se trouve le jardin de Gethsémani. On traverse donc la vallée du Cédron pour arriver au jardin de Gethsémani.
Allons maintenant du Mont des Oliviers jusqu’à Jérusalem.
KENT BROWN: On commence à la muraille du Vieux Temple. La porte qui traverse le mur plus près du Mont du Temple est appelée porte du Fumier. On a ensuite la porte de Sion. Tout à côté de la porte de Sion, à l’extérieur du mur, c’est l’Abbaye de la Dormition, avec son joli dôme. Nous sommes près du Cénacle, n’est-ce pas ?
GAYE STRATHEARN: Oui. C’est traditionnellement le site où Jésus est venu à la rencontre de Ses disciples pour la Cène. Jésus n’a pas choisi la Pâque juive au hasard comme lieu d’institution de la Sainte-Cène. Ce qu’Il fait là, c’est prendre une fête très importante dans la Loi juive, et l’utiliser pour leur parler de Lui-même et institutionnaliser un souvenir de Lui qui fera partie du sacrement. On sait que la Pâque juive consiste à évoquer le souvenir de la période d’esclavage d’Israël en Égypte. Moïse avait reçu l’ordre divin d’aider les Israélites à se libérer du joug égyptien. Dieu fit s’abattre sur l’Égypte toute une série de fléaux afin de convaincre le Pharaon de laisser partir le peuple d’Israël. Le dernier de ces fléaux devait être la mort des nouveau-nés, non seulement chez les hommes mais aussi chez les animaux. Les Israélites reçurent l’ordre de prendre un agneau non souillé, un nouveau-né, de l’offrir en sacrifice et de répandre le sang de cet agneau sur le dessus de leur porte. Ainsi, lorsque l’ange destructeur viendrait, il éviterait de tuer les Israélites.
Depuis 1500 ans, les Israélites se réunissent en famille afin de se rappeler cela, de se remémorer cette histoire comme un exemple extraordinaire où Dieu délivre Son peuple élu. En choisissant la Pâque, le Sauveur annonce de manière résolue, à Ses disciples et à tous ceux qui L’écoutent, qu’Il est l’Agneau, qu’Il est la représentation de cet agneau qui avait été sacrifié 1500 ans auparavant.
Quand Jean-Baptiste présente ses disciples à Jésus et les persuade de Le suivre, il dit : « Voici l’Agneau de Dieu. » Tout Juif aurait compris cela dans le cadre de la Pâque juive. Le Christ est l’Agneau pascal. Le jour suivant, cet être vierge de tout péché, qui était le premier-né du Père, le Fils unique du Père, créé dans la chair, allait de Sa propre volonté S’offrir en sacrifice pour tous ceux qui viendraient à Lui. Il devient l’Agneau pascal. Il utilise donc cela comme transition entre ce qui se passait dans l’ancienne Alliance et ce que l’on devait voir comme une nouvelle Alliance.
Il est intéressant de voir que le récit le plus ancien de l’institution de la Sainte-Cène ne figure pas dans les quatre Évangiles, mais dans la première Épître aux Corinthiens, chapitre 11. À Corinthe, il y avait eu des problèmes liés à ce sacrement. Paul leur a donc écrit pour essayer de rétablir l’ordre. Je voudrais juste faire quelques remarques.
Il dit au verset 23 : « Car j’ai reçu du Seigneur ce que je vous ai donné. » Les mots reçu et donné sont des termes techniques. Je vous donne de manière formelle ce que j’ai reçu de manière formelle. Bien sûr, Paul n’était pas présent lors de la Cène mais il en a eu connaissance, que ce soit par les disciples ou peut-être par le Seigneur en personne. Paul raconte ce qui s’est passé lors de la Cène. Voici le verset 24. « Et, après avoir rendu grâces, le rompit, et dit : ‹ Ceci est mon corps, qui est rompu pour vous, faites ceci en mémoire de moi. › De même, après avoir soupé, Il prit la coupe et dit : ‹ Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang. Faites ceci en mémoire de moi toutes les fois que vous en boirez. › »
L’une des différences les plus révélatrices entre le récit de Paul et les quatre Évangiles est le mot mémoire, et l’idée que le partage du pain et du vin se fait en mémoire des actes de Jésus. Seul Luc utilise dans son Évangile le mot mémoire. Je trouve cela intéressant car lorsqu’on se reporte au récit du troisième livre de Néphi, où Jésus institue ce sacrement au sein du peuple dans les Amériques, il est clairement précisé que cela est fait en mémoire de Lui. Ce qui est significatif pour moi, c’est que le récit le plus ancien du sacrement, qui figure dans la première Épître aux Corinthiens, est sous de nombreux aspects plus proches du récit de 3 Néphi que des Évangiles. C’est encore un cas où je pense que le Livre de Mormon nous aide à comprendre et à reconnaître certains faits historiques des premiers temps de l’Église chrétienne.
JOHN F. HALL: La Cène était certes une occasion d’enseignement, mais ce n’était pas uniquement cela. C’était une ordonnance, une ordonnance sacrée que le Sauveur a accomplie pour les Apôtres en leur lavant les pieds. Vous vous souviendrez que Pierre ne voulait pas que le Sauveur lui lave les pieds. Pierre aimait et respectait trop le Sauveur pour Le laisser lui laver les pieds. Vous vous souvenez de la réponse du Sauveur ? « Pierre, si tu ne me laisses pas faire, tu ne feras pas partie de moi. » Pierre répondit alors : « Lave mes pieds, que je puisse faire partie de Toi. »
Ainsi, ceux qui recevaient l’ordonnance appartenaient au Christ. Leur lien avec le Christ était scellé. Ils seraient au Christ pour l’éternité. Quelle extraordinaire bénédiction ! C’est dans le contexte de cette bénédiction que le Sauveur prodigue les enseignements que l’on trouve au chapitre 17 de Jean.
ALAN K. PARRISH: La prière d’intercession représente pour moi, plus que tout autre passage, Jésus priant en toute sincérité vers Son père pour que d’une manière ou d’une autre, ceux qu’Il laisse, ces hommes et ces femmes illustres disciples de Jésus, soient rassurés, réconfortés, protégés et aidés, pour pouvoir dans leur service et leur ministère s’approcher de l’unité du Père. Je pense que l’aspect urgent et touchant de la prière est cette supplication, qu’ils puissent être un comme nous sommes un. Cette unité est au centre de cette prière, sachant, sans doute, les obstacles qu’ils allaient devoir affronter. Il vient de parler de Pierre, qui avant le chant du coq en cette grande et tragique nuit allait renier le Christ, sa relation et son association avec le Christ, par trois fois. Jésus savait donc quelles épreuves ils allaient traverser. Et pourtant Sa prière la plus sincère, peut-être précisément pour cette raison, était qu’ils aient le réconfort et l’unité leur permettant de faire ce qu’ils devaient faire en tant qu’Apôtres.
GAYE STRATHEARN: Les événements qui ont débuté ici à Gethsémani sont vus par l’église SDJ bien différemment par rapport à la plupart des chrétiens d’aujourd’hui. Pour de nombreux chrétiens, Gethsémani est l’endroit où Jésus s’est préparé spirituellement et psychologiquement à Sa crucifixion à venir. Cependant, pour l’église SDJ, Gethsémani est le point central de l’Expiation, l’endroit où tous les péchés du monde sont venus s’abattre sur Lui, qui n’avait jamais péché.
CECILIA M. PEEK: Le processus de fabrication de l’huile d’olive est fascinant. On cueille les olives, on les met d’abord dans un énorme bac en pierre et on fait rouler une grosse meule en pierre pour les broyer, créant ainsi ce que l’on appelle la pâte. À ce stade de la fabrication, quand les olives sont broyées, elles sont complètement écrasées. Mais le procédé n’est pas encore terminé. C’est à ce moment-là que l’on met cette pâte dans des paniers en osier qu’on entasse, puis le pressoir fait son entrée et fait pression pour lentement travailler cette pâte et faire s’écouler de ces paniers l’eau et le moût d’huile qui sort des olives. En fait, le premier liquide qui sort est rouge comme du sang et tache tout ce qu’il touche. Alors l’image de la souffrance du Christ dans un endroit appelé le pressoir à olives décrit en fait Sa souffrance et Son sang.